Falaise du Noirda - Audresselles
Contexte géographique
Avec la falaise de la Pointe du Nid de Corbet, au nord du cran Noirda, commence le périmètre du site inscrit des Caps Blanc-Nez et Gris-nez. Ce site naturel est intégré au Parc naturel régional des caps et des marais d'Opale et géré par Eden 62. L'accès à la mer ne se fait qu'en quelques points correspondant à l'ouverture de petites vallées, les crans.
Contexte géologique
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Paysage au nord de l'accès au cran Noirda : les formations géologiques visibles.
La falaise jurassique, depuis Ambleteuse jusqu'au cap Gris-Nez, en passant par Audresselles, permet l'affleurement partiel des deux derniers étages du Jurassique : Kimméridgien et Tithonien. Au nord du cran Noirda (photographie à gauche), trois formations sont visibles réparties comme suit : Grès de la Crèche Argiles de Châtillon Grès de Châtillon |
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La limite Kimmerridgien-Tithonien se trouve au sein des argiles de Châtillon, juste sous le dépôt d'argiles noires feuilletées riche en matière organique et au-dessus d'un banc calcaire.
Globalement le pendage des couches est SSW. L'affleurement des grès de Châtillon est limité au nord par la faille normale de la Pointe du Nid de Corbet (photographie ci-dessus) qui décale vers le bas le compartiment nord. Quelques dizaines de mètres après l'affleurement des grès sont disposées à plat sur le haut de plage de grandes dalles calcaires qui correspondent au "banc" limite Kimméridgien -Tithonien : deux affleurements d'âge différent sont disposés côte à côte de part et d'autre de la faille, ce qui traduit la présence d'un contact anormal. |
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La visite virtuelle ci-dessous permet de comprendre la structure d'ensemble de cet affleurement :
La faille normale du Noirda
Le contact anormal apparaît en considérant à droite (compartiment sud) la surface des grès de Châtillon sur l'estran et au pied de la falaise et à gauche (compartiment nord) le banc calcaire qui marque la limite Kimméridgien / Tithonien (limite entre les membres inférieur et supérieur des argiles de Châtillon). Le compartiment nord est abaissé d'une hauteur correspondant à toute l'épaisseur du membre inférieur des argiles de Châtillon.
Il s'agit d'une faille normale, résultant de la mise en jeu de contraintes d'extension.
Plus loin vers le nord, sur le haut de l'estran, les grandes dalles calcaires (avec magnifiques fossiles vus en coupe) correspondent à ce même banc calcaire, limite Kimméridgien / Tithonien, glissé au pied de la falaise et nettoyé des couches d'argiles supérieures par la mer.
Le photogramme 3D ci-dessous permet une observation détaillée du miroir de faille visible sur l'estran. Il est ainsi possible d'y observer des coins d'injection sableuse syntectonique provenant de l'unité des grès de Châtillon. Directement sur le miroir de faille, sont visibles de petits récifs d'huitres nanogyra : c'est l'indice qui permet de penser que la faille était active très précocement au moment du dépôt des argiles de Châtillon, alors que les grès de Châtillon n'étaient pas encore cimentés, ce qui serait à l'origine des injections sableuses. C'est une faille synsédimentaire.
Selon O. Averbuch et N. Tribovillard, géologues de l'université de Lille, "la matrice carbonatée des récifs n’est pas en équilibre avec l‘eau de mer dans laquelle se sont mis en place les récifs et elle résulte via une augmentation de l’alcalinité du milieu, de la dégradation par les bactéries d’une matière organique expulsée du sédiment sous-jacents par des fluides. La localisation de ces récifs sur certaines surfaces de faille normale ou à la transition entre Grès et Argiles de Chatillon où une activité tectonique est manifeste, suggère que les suintements de fluides riches en MO expulsés du substrat sont associés au jeu des failles normales lors de la structuration initiale du bassin." Ref.
Le banc limite Kimméridgien-Tithonien
Au pied de la falaise, au nord de la faille du Nid de Corbet, affleure le membre supérieur des argiles de Châtillon reposant sur un gros banc calcaire facilement repérable. Ce banc surmonte lui-même une couche d'argile bleu pâle, très plastique et responsable de glissements du pied de falaise. Après dégagement par l'érosion marine, ce banc constitue des dalles posées sur le haut de plage. En allant vers le nord, on le repère facilement en place. |
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Son contenu paléontologique fait apparaître une discontinuité : la partie inférieure renferme l'ammonite Aulacostephanus autissiodorensis, marqueur du sommet du Kimméridgien alors que la partie supérieure renferme Gravesia gigas ammonite marqueur de la base du Tithonien. L'absence d'une sous zone d'ammonite entre ces deux marqueurs signe la présence d'une discontinuité sédimentaire. Il ne s'agit donc pas d'un banc au sens géologique du terme. |
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Le contenu paléontologique
La présentation ci-dessous expose les principaux fossiles présent sur le site d'Audresselles dont certains, très rares, ont été scannés.
Interprétation paléogéographique
Ce site permet d'observer un épisode classique de transgression-régression-transgression de l'époque Jurassique de la région du Boulonnais, marqué par une alternance de formations gréseuses et de formations argileuses riches en matière organique, sous contrôle de variations relatives du niveau de la mer. C'est un potentiel système pétrolier immature car insuffisamment enfoui dans le Boulonnais, analogue de ceux se trouvant sous la Mer du Nord.
La stratigraphie mise en relation avec la paleobathymétrie et l'interprétation séquentielle que l'on peut en faire est présentée dans le document ci-dessous :
Auteurs d'origine : Chantal Carnez, Maryse Jagoda, Jean-Michel Magniez
Mis à jour par G. Michnik avec des données 3D de D. Prévost et G.Glandières (académie de Limoges)