Enseigner l'écriture l'autobiographique
Nous faisons de plus en plus écrire nos élèves et, notamment en classe de CAP où la question de l’individu figure au programme, les exercices d’écriture que nous proposons ont souvent trait à l’autobiographie. Pourtant rappelle Philippe Lejeune, « On ne vient pas au collège (ou au lycée) pour raconter sa vie ». « On vient pour apprendre, apprendre la maîtrise de la langue comme le reste, et on apprend toujours en faisant plus ou moins semblant. La distance, le jeu, la simulation, l’imitation font partie du plaisir. Alors ma vie, tout cru tout vif, aux profs, aux copains, au nom de quoi la dirais-je, et en ai-je envie ? »
Philippe Lejeune explique que l’adolescence n’est pas le temps de l’autobiographie, qu’à cet âge-là la clé du présent ne se cherche pas dans le passé. Il souligne que l’écriture autobiographique ne se nourrit pas seulement de lectures autobiographiques mais aussi de fiction, de poésie, de chanson qui sont tout aussi essentielles pour fonder notre « identité narrative ». Il définit une pédagogie de l’écriture autobiographique qu’il décline en cinq principes essentiels. Pratiquée à l’école, l’écriture autobiographique devrait être réciproque, facultative, indirecte ou oblique, productive et collégiale. La lecture de cet article particulièrement clair permettra de mieux penser les consignes que nous formulons et d’éviter les catastrophes auxquelles peuvent conduite les activités d’écriture autobiographique pratiquées sans discernement ou sans délicatesse.