Des clusters en devenir
Des clusters en devenir
A coté des projets aboutis que sont Euralogistic et Eco-matériaux, les quatre autres clusters labellisés par Euralens en sont à un stade de développement moins avancé. Ils ont tous pour point commun d'être très récents.
Présentation
Le pôle Numérique et Culturel
Le Pôle numérique et culturel est intimement lié à l'arrivée d'un musée du Louvre à Lens. Le concept de ce cluster part de l'observation d'une tendance forte qui se met en place outre-Atlantique depuis 2005 : des liens de plus en plus forts sont en train de se tisser entre arts et technologies du numérique (Google books par exemple). Dans un premier temps , le groupe de travail auquel est confié le développement économique d'Euralens va, avec l'aide d'un cercle d'experts, chercher à définir ce que pourrait être l'apport du numérique à l'art. Quatre domaines sont ainsi mis en évidence :
-La sécurité. L'industrie du numérique pourrait contribuer à accroître la sécurité des œuvres d'art en prenant en charge la gestion de l'hygrométrie dans les réserves des musées ou en mettant au point des systèmes de traçage inédits pour garantir le vol d’œuvres d'art,
-L'éducation et le livre numérique. Le constat du groupe de travail fondateur de ce cluster est que des technologies numériques nomades sont en train de s'imposer au monde de l'éducation mais force est de constater que les contenus sont peu fournis et souvent anglo-saxons d'où la conviction qu'un marché est à conquérir dans ce domaine,
-La médiation numérique culturelle. Il s'agit ici de développer des supports et contenus numériques favorisant l'interactivité dans les visites muséales,
-L'e-tourisme. Le numérique doit permettre aux touristes d'envisager autrement la découverte d'une ville en proposant une interactivité sous forme de bornes «intelligentes».
Le constat est par ailleurs fait qu'aucun territoire en Europe ne s'est encore orienté clairement vers ce secteur du numérique culturel.
Ce projet de cluster a été mis en chantier à partir le juin 2010. Le territoire ne disposant d'aucune composante d'un cluster (ni école, ni centre de recherche, ni entreprise) sa mise en place se fait pas à pas.
Le PNC (Pôle Numérique Culturel) est officiellement créé depuis juin 2013 et a adopté une structure associative. Ses acteurs principaux sont :
-Le Louvre-Lens,
-La CALL (la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin),
-La Région Nord-Pas-de-Calais,
-Le Département du Pas-de-Calais,
-L’Université d’Artois,
-La CCI (Chambre de Commerce et d'Industrie) d'Artois,
-La Chambre de métiers et de l’artisanat.
Bruno Cavaco est nommé depuis juin 2013 Président du Pôle Numérique Culturel. Le PNC est installé depuis cette date dans les locaux de l'ancienne école Paul Bert située en face du Louvre-Lens.
Le PNC a organisé un premier événement mettant en situation les possibilités du numérique dans les pratiques culturelles avec l'événement muséomix en octobre 2013 (http://www.museomix.org/editions/edition-2013/).
La seconde étape de son développement se situe en Janvier 2014. Le PNC a choisi de concentrer ses efforts sur le développement de quelques start-up que celui-ci abriterait et «cocoonerait» dans le cadre d'une pépinière d'entreprises. A cet effet, un appel à projet a été lancé par l'Etat (crédits de revitalisation) et la CALL (Communauté d'Agglomération de Lens-Liévin) avec à la clé 200000 euros à répartir parmi 4 lauréats (http://www.startup-nc.com/). Les résultats de cet appel à projets seront connus lors de l'assemblée générale d'Euralens qui se tiendra le 27 juin 2014.
Sport et bien-être
L'idée selon laquelle le territoire d'Euralens dispose d'un potentiel de développement économique dans le domaine du sport n'est pas nouvelle. En effet en 2007, un pôle d'excellence sportif a été créé autour du stade couvert régional de Liévin rénové. Deux acteurs sont à l'origine de celui-ci :
-
La CALL (Communauté d'agglomération de Lens-Liévin),
-
La ville de Liévin.
Le but de ce pôle d'excellence est la mise en réseau des différents équipements existants : l'Université du sport de l'Artois, le collège Descartes et le lycée Henri-Darras (sections sport-étude), la base nautique Nauticaa, la maison départementale des sports, la maison du football, le parc sportif Jean-Frère ou les cellules de médecine sportive de la polyclinique de Riaumont.
Lors de la phase de réflexion du groupe de développement économique d'Euralens (2010) cette idée d'utiliser le sport comme axe de développement économique est reprise dans le cadre d'une démarche en deux temps. Le groupe Euralens développement économique a cherché, tout d'abord, à définir quels étaient les atouts du territoire dans le domaine du sport et du bien-être. Pour le groupe de travail Euralens, ceux-ci sont de différents types :
- La présence de grands équipements sportifs (stade Bollaert, stade couvert régional de Liévin...),
- Une pratique sportive très ancrée sur le territoire (associations nombreuses),
-La présence de l'UFR STAPS de l'université d'Artois à Liévin face au stade couvert régional.
Le groupe de travail identifie des potentialités dans les domaines :
-Du bien-être, de la santé (coaching sportif et diététique en milieu professionnel par exemple),
-Du tourisme (reconversion de friches industrielles en site sportif comme cela a été le cas avec le terril de Fouquières-les-Lens par exemple),
-Du sport et des technologies numériques,
-De l'industrie des produits techniques du sport (sur le modèle de la filière industrielle liée au surf en Pays basque français).
En février 2012, un incubateur d'entreprises est créé par la CALL (Communauté d'Agglomération de Lens-Liévin), la CCI (Chambre de Commerce et d'Industrie), l'association Aditec et l'Université d'Artois dans les locaux du stade couvert régional de Liévin afin de faire émerger des projets en lien avec ce secteur économique. Treize hectares autour du stade couvert sont prévus pour accueillir le futur « Business park » du cluster. A ce jour, le cluster est encore en phase de développement.
Métiers d'art
Les raisons qui ont poussé le groupe de travail dédié au développement économique d'Euralens à imaginer la mise en place d'un cluster consacré aux métiers d'art sont double. D'abord l'annonce dés 2004 de l’accueil d' un musée du Louvre à Lens a permis d'envisager de nouvelles perspectives pour le territoire ( changement d'image de marque, flux touristiques nationaux et internationaux, arrivée des réserves du Louvre en 2017...). L'existence d'un cluster métiers d'art est crédible du fait du rôle de « vitrine » que pourrait constituer l'arrivée d'une antenne d'un des plus grands musées mondiaux. De plus, un potentiel d'entreprises et d'acheteurs potentiels est présent sur le territoire comme le prouve la tenue depuis 2007 d'un salon des métiers d'art. Celui-ci est un événement qui regroupe des exposants professionnels et bénéficie d'un rayonnement qui dépasse l'échelle régionale (http://www.salon-metiers-art-lens.com).
A l'origine de ce cluster métiers d'art, on trouve :
-Le Louvre-Lens,
-L'Université d'Artois,
-La CCI d'Artois (Chambre de Commerce et d'Industrie),
-La chambre des métiers et de l'artisanat,
-Le conseil régional du Nord-Pas-de-Calais,
-Le conseil général du Pas-de-Calais,
-La CALL (Communauté d'Agglomération de Lens-Liévin),
-La CAHC (Communauté d'Agglomération d'Hénin-Carvin),
L'objectif des acteurs à l'origine de ce cluster est pluriel :
-
développer des activités, des savoir-faire autour de la restauration, la conservation des œuvres d'art. Il s'agit là de la conséquence la plus directe de l'arrivée des fonds du Louvre à Lens. Le territoire doit, en toute logique être capable d'assurer la préservation des œuvres qui lui sont confiées. Ce cluster reprend ici un principe de proximité qui a déjà été mise en œuvre en Toscane,
-
favoriser la production d'un artisanat local,
-
faire émerger un secteur commercial dédié à l'artisanat d'art peu développé sur le territoire.
La première étape de la mise en place de ce cluster a eu lieu en 2013 avec la création de L'IMEP (Institut des Métiers d'Art et du Patrimoine). Il constitue le volet formation du triptyque que doit normalement comporter un cluster. Ses acteurs ont décidé de le doter d'une structure associative. Ce cluster, une fois complet, prendra place au sein du parvis des arts qui se situera à coté du Louvre-Lens (http://www.artois.cci.fr/nos-grands-projets-2/parvis-des-arts-un-ensemble-hotelier-immobilier-et-commercial-haut-de-gamme-2-pas-du-louvre-lens/).
Senior
L'objectif du cluster senior est de développer l'économie dédiée au troisième âge. Ce secteur économique est reconnu au niveau national depuis 2013 sous l'étiquette Silver économie par un plan interministériel (http://www.silvereco.fr/silver-economy). Concrètement ce secteur regroupe différentes réalités :
-Création ou mutation de services à la personne afin de permettre à des personnes âgées de pallier à une perte d'autonomie (livraison à domicile de médicaments par exemple),
-Design de produits adaptés aux contraintes du vieillissement ( objets plus légers, plus préhensiles, plus visibles),
-Adaptation de l'habitat à la perte partielle de mobilité ( largeur des ouvrants de portes, hauteur des armoires, domotique...).
L'idée que la silver économie peut être un secteur d'avenir est basée sur deux constatations. D'abord la structure démographique et l'allongement de l'espérance de vie dans des pays comme la France va entraîner une augmentation des plus des seniors dans nos sociétés. Ceux-ci constituent donc un marché potentiel en plein essor. De plus les pays qui ont misé sur la silver économie ont vu leur audace récompensée en terme de croissance sectorielle (c'est le cas des Etats-Unis).
Ce cluster a pour acteurs :
-L'Europe avec le FEDER (Fond Européen De Développement Régional),
-L'Etat avec la DIRECCTE Nord-Pas-de-Calais (Directions Régionales des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l'Emploi),
-La CCI (Chambre de Commerce et d'Industrie) d'Artois,
-Le conseil régional du Nord-Pas-de-Calais,
-Le conseil général du Pas-de-Calais,
-Maisons et cités.
La stratégie de développement de ce cluster est originale à plusieurs titres. D'abord, elle ne s'appuie pas (pour l'instant) sur la création d'un pôle de recherche ou d'un centre de formation. Ensuite, le cluster a été créé en 2012 par le biais d'une charte signée par les entreprises adhérentes mais il ne dispose pas de locaux qui lui sont propres. Enfin, sa première mission a été de concevoir les transformations possibles d'un parc de maisons du bailleur Maisons et cités. Ce projet nommé Concept house senior en est pour le moment au stade de la conception numérique. L'objectif est ici de s'appuyer sur les observations et les innovations des PME pour ériger les bonnes pratiques en modèles. Il s'agit donc d'une forme de recherche par l'expérimentation au quotidien.
Place dans le programme
Classe terminale : La France dans l’Union européenne
Sujet d’étude : Acteurs et enjeux de l’aménagement des territoires français. « Il ne s’agit pas de traiter l’historique de l’aménagement du territoire en France. En s’appuyant sur l’étude d’exemples d’aménagements, on fait apparaître la complexité des enjeux de l’aménagement des territoires aujourd’hui (compétitivité des territoires, équité territoriale, gestion durable). On identifie le rôle des acteurs, en particulier les collectivités territoriales, l’Etat, l’Union européenne ».
Sujet d’étude : Les transformations de l’espace productif et décisionnel.
« On met en évidence les permanences, les mutations et la diversité des espaces productifs et décisionnels français dans le cadre de la mondialisation. On montre en particulier la concentration des fonctions de commandement, de recherche et d’innovation dans les métropoles ».
L'approche
Ces quatre cluster en devenir permettent d'entrer dans les deux sujets d'étude complémentaires que sont Acteurs et enjeux de l'aménagement des territoires et Les transformations des espaces productifs et décisionnel. En effet derrière ces quatre aménagements futurs on trouve des acteurs qui travaillent en synergie par le fait même de la complexité des enjeux (compétitivité des territoires et développement durable. Ces enjeux s'inscrivent dans des dynamiques territoriales qui se déploient à différentes échelles (par exemple, la silver économie est motivée par le vieillissement de la population française qui est à étudier dans le cadre d'un vieillissement de la population européenne en général). Ces dynamiques en constante évolution rendent certains espaces productifs et décisionnels obsolètes et en sélectionnent d'autres. Quelques problématiques peuvent ainsi permettre d'aborder ces quatre clusters de manière générale :
-En quoi ce cluster s'appuie t-il sur des atouts perçus du territoire ?
-Quelles conséquences cherche t-on provoquer sur le territoire ?
-En quoi ce cluster traduit-il une mutation des espaces productifs et décisionnels ?
En ce qui concerne le cluster Senior, on pourrait ajouter à ces problématiques générales des interrogations relatives au champ professionnel des services à la personne (pour le Bac Pro Accompagnement, Soins et Services à la Personne par exemple).On pourra ainsi poser aux élèves une question très concrète : Quelles conséquences les orientations mises en œuvre par ce cluster pourraient avoir sur mon futur métier si elles deviennent la règle ?
Pistes de réflexion
Etant donné que ces clusters se trouvent encore dans une phase de développement et ne peuvent, de ce fait, prétendre à des résultats concrets qui légitimeraient de manière objective leur existence, on pourra discuter avec les élèves du bien fondé des choix opérés par les acteurs du territoire. Cette réflexion peut donner lieu à un travail qui s'inscrirait dans une démarche de Géographie prospective :
-Quels secteurs économiques auriez-vous privilégié ?
-A quel endroit les auriez-vous implantés ?
-Sur quels éléments du présent vous appuyez-vous pour prendre cette décision ?
-Quelles conséquences spatiales en attendez-vous ?
Cette démarche de prospective pousse l'élève à interroger le présent mais aussi à maîtriser le concept de cluster sans lequel il ne peut proposer de projet recevable.