Aborder la guerre d’Algérie dans les séries technologiques à partir de l’exemple de Collo dans le Nord Constantinois.
Démarche explicative du travail sur Collo
(Sandrine Béraud, Solange Dulhu, Olivier Fumery, Sabine Geentenar, Philippe Manie, Olivier Mathieu, Julien Crombet, François Philippe)
Le travail proposé comme sujet d’étude pour les classes de terminale STMG et ST2S s’organise en 3 séances d’une heure :
O 1ère séance (H1) : I/ Présentation de l’Algérie à partir d'une situation particulière : Collo.
-->Documents utilisés pour remplir les fiches élèves :
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Dans un premier temps, une vidéo de l’I.N.A. (www.ina.fr/CAF94073028) sur la visite du préfet du Constantinois Papon à Collo.
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Le cas de Collo est contextualisé par un travail sur une carte de l’Algérie avec la répartition du peuplement européen et le développement des résistances anticoloniales (Hachette 2013 TSTMG page 74).
Le but de cette séance est de situer Collo dans l’espace colonial algérien. Collo et le Nord Constantinois sont des territoires très marquées par la présence européenne, avec des petites et grandes villes mais aussi des campagnes soumises à une mise en valeur coloniale. A Collo il s’agit de l’exploitation forestière du liège. Les vues de Collo permettent de montrer la dualité de l’appropriation de l’espace : la ville est européenne, les montagnes voisines sont algériennes. Les tensions sont plus anciennes (dès 1945) et plus exacerbées qu’ailleurs en Algérie (annexe1)La vidéo sur Collo permet de montrer comment fonctionne l’appropriation coloniale symbolique de l’espace algérien puisque la ville se révèle dans ses paysages comme un petit bout de France de l’autre côté de la Méditerranée et elle illustre la formule restée célèbre « l’Algérie, c’est la France »L'ensemble des informations est consigné par les élèves dans une fiche (annexe 2).
O 2ème séance (H2) : II/ Quelle guerre ?
Dossier documentaire - travail en autonomie avec préparation en amont des questions posées sur les documents et corrigé en classe (voir annexe 3).
Dans la deuxième séance l’ensemble documentaire veut montrer comment l’armée française maintient l’ordre dans les territoires du Nord Constantinois en luttant contre le FLN, espérant dissocier les populations de ce dernier. L’aspect le plus marquant de cette politique de pacification consiste à fixer de force les populations musulmanes dans des camps de regroupement pour mieux les contrôler. Cet aspect est relativement peu mis en valeur dans les études scolaires alors que certaines sources évoquent deux millions de musulmans qui ont été assignés dans ces camps. Cette « mise en camp » est porteuse d’interrogations chez les élèves. Le témoignage de François Marquis et sa réflexion sur le « développement » de l’Algérie peut nuancer une comparaison trop simple avec les camps nazis.
Toujours est-il que cette stratégie territoriale se heurte à celle du FLN qui parvient à organiser clandestinement un mouvement de masse prenant appui sur les villageois et leurs assemblées. Le témoignage sur Zighoud permet de montrer les références « révolutionnaires » et « socialisantes » du FLN communes à bien d’autres mouvements de libération nationale. Il permet de comprendre la stratégie dite « contre-révolutionnaire » avec ses actions sociales et psychologiques.
Les différents témoignages permettent de comprendre comment le cadre de l’action française est sujet à bien des dérapages (incurie complète, actes parfois ouvertement racistes et terroristes). Finalement, la « pacification » permet à l'armée française de s'imposer militairement mais la répression massive rejette la population vers le FLN. Pour aller plus loin, la question du terrorisme pourrait être aussi évoquée, notamment en ville.
Le travail est réalisé en autonomie par les élèves sous la forme d’un dossier documentaire et de cinq questions.
O 3ème séance (H3) : III/ Le poids des mémoires dans la construction du nouvel Etat algérien et les relations franco-algériennes.
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Exploitation des notices biographiques (annexe 4)
Le diaporama, support du cours, présente en 3ème partie brièvement la biographie de 2 des acteurs rencontrés lors de l’étude : Youssef Zighoud et Maurice Papon. La séance commence avec la correction du dossier élève sur les acteurs. Cette correction permet de généraliser ou de nuancer certains aspects envisagés à travers l’exemple de Collo.
En Algérie, la mémoire des « héros », des « combattants » et des « martyrs » de la révolution et de la guerre d’indépendance a tout de suite été un élément fondamental du processus de légitimation du nouveau pouvoir. Rappelons que le statut officiel de « moudjahid » donnait droit à des privilèges importants dans une société en reconstruction et qui se cherchait de nouvelles élites. Sur le plan politique, les luttes de pouvoirs au sein de l’armée et du FLN ont été très fortes mais elles ont été arbitrées dans les coulisses d’un pouvoir autoritaire qui a confisqué la parole au peuple. Les héros morts et statufiés ont alors tenu le rôle de la statue du commandeur. Néanmoins, la France et l'Algérie entretiennent depuis lors des liens étroits d'un point de vue économique et commercial, malgré la résurgence régulière de contentieux mémoriels entre les deux Etats.
A l'issue de cette étude, une synthèse permet d'articuler l'étude sur Collo à l'évolution de l'Algérie entre 1954 et 1962 (annexe 5).
Afin de faciliter la lecture des documents et la contextualisation les annexes 6 et 7 contiennent une chronologie et une fiche de vocabulaire.
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ANNEXES
La guerre d'Algérie dans les programmes de TST2S et STMG
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