Du local au mondial : entrée dans la Première Guerre mondiale
L'entrée dans la Première Guerre mondiale par un monument aux morts se prête particulièrement bien à l'usage du numérique. En effet, il s’agit de faire un usage concomitant des outils mémoriels du XXème siècle en lien avec les outils informatiques du XXIème siècle. Si la sortie sur le terrain reste possible, elle ne doit être envisagée que « avant la classe » : cette sortie sur le temps de classe serait certainement inutilement dévoreuse de temps et l'apport des ressources en ligne, même si elles sont limitées, est tout à fait remarquable dans le cadre d'une activité de découverte menée en classe de troisième (dénombrement des morts de la commune et repérage de trois d'entre eux d'abord, puis investigations sur leur identité et les causes et lieux du décès.)
Au-delà des activités pédagogiques, l’intérêt est d’incarner par une entrée locale la proximité des noms de familles retrouvés sur les monuments aux morts et de faciliter ainsi la compréhension des enjeux globaux de la première guerre mondiale. Gageons que souvent les élèves relèveront sur le monument aux morts des noms qui leurs sont familiers, peut-être au delà des trois soldats demandés dans la consigne, et qu'il faut s'attendre à voir surgir de leurs recherches d'autres informations « familiales » ou « de voisinage » concernant ces morts.
Toutefois il faut veiller à bien faire de cette activité une entrée devant faciliter la compréhension globale de la question ; la mise en perspective, par un changement d’échelle est donc primordial.
Si le contexte local s'y prête un travail similaire peut être mené avec un cimetière local.
Activité avant la classe :
On demande aux élèves de se rendre sur le site consacré par l'Université de Lille 3 aux monuments aux morts ( http://monumentsmorts.univ-lille3.fr/ ) et sur le site consacré par le ministère de la défense aux conflits dans lesquels la France a été engagée : Mémoire des hommes ( http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/article.php?laref=1 ).
Le collègue aura au préalable identifié un monument aux morts de proximité exploitable pour que les élèves identifient des noms sur ce monument aux morts. Pour faciliter la démarche et l'exploitation par les élèves de leurs recherches, dans le cas où le monument comporterait de trop nombreux noms ou trop de situations singulières (par exemple soldats morts dans les services de santé, loin des zones de combats), le collègue devra fournir une liste de noms parmi lesquels les élèves choisiront ou valideront leurs trois cas.
Sur une fiche de travail, les élèves reportent le nombre de noms inscrits sur le monument aux morts, ils en choisissent trois pour lesquels ils reconstruisent une fiche biographique sommaire des soldats comprenant les éléments suivants : le nom, le prénom, la date de naissance, la date de décès, le lieu de décès, le département de décès, l’âge au décès, le grade et la cause de la mort.
A partir de ces données, les élèves sont invités à replacer la vie de ce soldat dans un événement marquant de la Première Guerre mondiale. L'usage du manuel et les recherches personnelles quant à l'année de décès permettent ainsi de contextualiser la mort du soldat et d'approcher brièvement les événements de la Grande Guerre.
On peut lier cette activité préparatoire à un questionnement histoire des arts et à un travail sur les usages de la mémoire en demandant aux élèves une description du registre iconographique utilisé afin de faire émerger le sens du monument et / ou la volonté inhérente qui a présidé à sa construction. On peut évidement laisser libre court aux modalités d'expression des élèves (dessin, croquis, photo…).
Activité dans la classe :
En classe, la mise en commun permet de commencer à construire une chronologie de la guerre sans pour autant la terminer dans la mesure où elle sera complétée au fur et à mesure des séances.
Les fiches réalisées sur les soldats mais aussi la consultation des monuments aux morts permettent aux élèves d'aborder de manière inductive ce qu'est la violence de masse : une violence visant à tuer un grand nombre de soldats et même de civils. Rappelons que ce type de violence a tué entre 1914 et 1918 près de 10 millions de personnes.
Dans une forme de mise en perspective, un travail sur la bataille de Verdun, leur permet d’évoquer les conditions de vie, de combat et de mort. La reprise par le récit du professeur permet alors de compléter la frise chronologique (les phases, les autres repères).
Sur cette bande chronologique, les élèves feront apparaître les dates de décès des trois soldats choisis. L’utilisation d’une frise numérique n’est pas forcément une plus-value pédagogique car elle se veut chronophage pour un résultat relatif.
Orientations bibliographiques :
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Luc CAPDEVILA et Danièle VOLDMAN, Nos morts. Les sociétés occidentales face aux tués de la guerre (XIXème-XXème siècles), Paris, Éditions Payot et Rivages, 2002.
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Stéphane AUDHUIN ROUZEAU, Cinq deuils de guerre 1914-1918, Éditions Noesis, 2001, Paris.